« Nous avons beaucoup d’enfants ici. De nombreux enfants meurent dans la brousse… Des gens ont été capturés et d’autres sont morts. »
Le 24 mars dernier, des djihadistes ont pris d’assaut la ville côtière de Palma, au Mozambique, dans le Cabo Delgado. Selon l’agence de presse de l’État Islamique, l’attaque a entraîné « la mort de 55 soldats et chrétiens mozambicains, y compris des entrepreneurs de l’extérieur du pays ».
Ces violences ont poussé la majorité de la population à fuir dans les montagnes, sur les routes, mais aussi en bateau.
Un missionnaire brésilien de Pemba a déclaré auprès de l’Aide à l’Église en Détresse :
« Ils s’y attendaient déjà, car au cours des deux dernières semaines, ces malfaiteurs et insurgés avaient mené une série d’attaques dans la région de Nangade, et presque toutes les communautés proches de Palma ont déjà été attaquées. »
Il affirme que « de nombreuses familles de nos catéchistes à Palma ont pris contact avec nous pour nous dire qu’elles ont fui ».
« Lorsque ces attaques ont lieu, les gens fuient dans les montagnes, et il est donc difficile de communiquer avec eux en raison du faible signal et du fait que les batteries de leurs téléphones portables sont épuisées. »
Selon Barnabas Fund, un témoin aurait déclaré que « la ville et les plages sont parsemées de cadavres ‘avec et sans tête’. » Un survivant a marché trois jours sans eau ni nourriture. Arrivé à Namoto, il témoigne auprès de l’organisation :
« Nous avons beaucoup d’enfants ici. De nombreux enfants meurent dans la brousse… Des gens ont été capturés et d’autres sont morts. »
Le Programme Alimentaire Mondial (PAM) parle d’une « véritable catastrophe humanitaire ». Lola Castro, Directrice régionale du PAM pour l’Afrique australe, décrit une « population désespérée » et ajoute, « les gens partent par tous les moyens, en bateau, à pied, par la route ».
« La situation est très mauvaise et cela affecte les provinces voisines de Cabo Delgado.Nous n’avons pas suffisamment de ressources pour accroître notre soutien à la hauteur des besoins. [...] Au début de 2020, il y avait 18 000 personnes déplacées, en décembre, il y en avait 500 000. »
Et en février, il y en avait 670 000, précise le PAM, « parmi lesquelles environ 80 000 sont actuellement inaccessibles en raison des violences ».
Lola Castro l’affirme, « une énorme tragédie humanitaire se déroule devant nous ».
« C’est une situation très grave. Nous parlons de personnes déjà désespérées depuis trois années consécutives, de personnes qui ont été récemment déplacées, qui n’ont même pas de nourriture, d’eau, d’abri ou quoi que ce soit. Une énorme tragédie humanitaire se déroule devant nous. »
Les djihadistes auraient désormais quitté la ville, laissant derrière eux des hommes pour freiner la progression des forces du pays.
Le nord du Mozambique est en proie aux conflits depuis 2017, suite à l’attaque des postes de police par des groupes armés non-étatiques. Le pays a ensuite été frappé par les cyclones Kenneth et Idai, qui ont laissé le Mozambique dans une situation dramatique. Au début de l’année 2020, les violences se sont intensifiées.
M.C.